Jevon Carter ou le mur d’Antonin

Il y a des croyances populaires qui sont véridiques dans les faits. Mais parfois, ce n’est pas le cas…

Le mur d’Antonin et Jevon Carter ont comme point commun d’avoir été effacés de cette culture populaire. Le premier l’a été au profit de son prédécesseur sudiste, le mur d’Hadrien, qui a la réputation d’avoir été le seul rempart aux attaques barbares contre l’empire Romain, alors que le second a été éclipsé par un phénomène afro ayant posé ses valises dans la même conférence que lui. Pourtant, c’est bien nos deux délaissés qui sont au sommet de la chaîne alimentaire défensive…

L’édifice Romain l’est par ses dimensions insensées pour son époque, tandis que le pitbull des montagnes l’est par son press infernal, son marquage physique et ses prix nationaux (qu’il devrait sauf surprise reconduire, une première depuis Hasheem Thabeet 2009 et une première tout court pour un guard). Mais arrêtons les comparaisons ici et concentrons-nous pour une fois sur le natif de l’Illinois et ce qui l’entoure.

Car Carter est non seulement oublié du grand public, mais aussi des spécialistes NBA… En effet, le joueur fait actuellement partie des favoris au titre de PoY de sa conférence, la BIG XII, mais semble comme ignoré partout dans la grande ligue où les early mocks ne le place même pas dans les mentions, et pire, Draftexpress ne l’integrait même pas dans ses tops de catégorie d’âge.

Qui est-il ?

Situons d’abord un peu ; le joueur est le leader vocal, moral et défensif de son équipe. En tant que meneur, il est également le dépositaire du jeu de l’autre côté du terrain. C’est bien beau cela, mais s’il a ce rôle dans une équipe en carton-pâte, cela ne le mènera pas bien loin. Et bien justement, l’astuce est là…

Car il est le leader des Mountaineers de West Virginia, une des défenses, et équipes, les plus redoutées de tout le collège, capable gagner un match juste d’un seul côté du parquet grâce à un pressing tout terrain étouffant mis en place par le coach Huggins, dont Carter est le fer de lance, avant de donner lieu à une défense sur demi-terrain des plus imperméables (si vous avez l’occasion, regardez le Virginia-WVU du 03/12/2016, c’est un bijou du genre) dont il est le principal élément également, l’ « anchor » comme on dit dans le jargon.

One Way Player ?

Et alors qu’il est unanimement reconnu pour ses aptitudes défensives, ce n’est pourtant pas sa palette offensive qui est en cause non plus, comme le prouvent ses 13.5 points, à des pourcentages plus que décents (49-39-77), et 3.7 assists dans une équipe très collective, dont il est le meilleur scoreur, comme les Mountaineers où le ballon tourne énormément et pendant longtemps sur leurs attaques placées (ils possèdent 6 joueurs à plus de 8.8 pts), leur scoring impressionnant étant le résultat de leurs nombreuses interceptions et pertes de balle adverses (1er du college avec 20 TOV/match) en défense.

Son arsenal de mouvements est également bien développé, il est aussi bien capable d’attaquer le cercle que de sanctionner de loin, de mener le jeu que de le laisser venir a lui ou bien encore de prendre un pull-up au buzzer que de jouer en catch and shoot. Et sa gestion de la gonfle n’est pas non plus un problème majeur malgré un ratio TOV/Ast de 0.5, ses 2 interceptions et demies par match compensent cette maladresse.

Le physique, un problème ?

C’est son physique le problème alors ? Pas tant que ça justement…

Certes, il n’est pas très aérien comme joueur, mais son premier pas lui permet de prendre souvent l’avantage en college, et surtout, les arrières dans sa veine de la NBA actuelle ne sont pas légion et encore moins des géants…

Les combo guards défenseurs d’élite actuels tels que Pat Beverley (6-1), Avery Bradley (6-2), Marcus Smart (6-4) ou Malcolm Brogdon (6-5), à qui il a succédé comme DPOY, font sa taille (6-2) ou sont à peine plus grand, et il n’y presque pas de différence niveau « coffre » entre eux. Tandis que son cardio irréprochable est même plutôt un atout, vu le temps qu’il est capable de tenir sur le terrain (32min/game) et le rythme défensif imposé par son équipe.

Et comme le problème ne vient pas de son âge, car des athlètes plus âgés apparaissent dans le classement des seniors et des joueurs comme Brogdon et Gbinije ayant été drafté dernièrement, cette piste n’est pas à explorer non plus.

Alors que du côté de son comportement, c’est un étudiant et joueur exemplaire, il a également remporté des prix académiques, je n’arrive pas à comprendre d’où vient ce « boycott » du joueur… J’espère sincèrement que d’ici la fin de saison, il réparera cette injustice et prouvera aux sceptiques qu’ils avaient tort en étant sélectionné sur la grande scène en juin…

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